Partir en vacances avec ta scoliose
- Lea

- 2 sept.
- 7 min de lecture

Partir en vacances
pour se déconnecter du quotidien, se libérer de la charge mentale, de certaines obligations, des habitudes et routines qui nous enferment
pour ouvrir l’horizon, se sentir respirer à pleins poumons, lâcher le contrôle
Partir en vacances, c’est rêver de tout laisser derrière, le lest, ce qui nous pèse, même si c’est le temps d’une courte escapade, même si les vacances sont à la maison, qu’on ne part pas loin ou pas du tout.
Les vacances c’est la pause, celle dont on a temps besoin, celle qu’on attend pendant de longs mois, et qui est enfin là, alors on compte bien en profiter, la savourer.
Mais partir, c’est aussi emporter avec nous… notre corps. Comme un escargot qui emporte sa maison avec lui.
Notre corps, c’est le lest qu’on ne peut pas jeter par-dessus bord. Pour le meilleur et pour le pire.
Quand ce corps est source de préoccupations, de douleurs, d’obligations, de croyances limitantes, de commentaires, de conseils non-sollicités… quand il porte en lui les mémoires, blessures et cicatrices de batailles passées, d’héritages transmis malgré nous…
alors… comment partir vraiment en vacances? comment s’offrir cette vraie pause?
Elle ne se fera pas sans ce corps…
alors elle doit se faire avec lui.
—
Aujourd’hui je te partage une réflexion que je me suis faite lors de mes dernières vacances.
Elles sont l'écho des témoignages récoltés ces dernières années, et de mon vécu personnel bien sûr.
Ici le “lest” que j'évoque, c’est la scoliose.
Où que l'on aille, quoi que l’on fasse, elle nous accompagne.
D’une manière où d’une autre elle va “colorer” notre vie. Parfois elle fait du bruit, d’autres fois elle est un murmure si ténu qu’on oublierait qu’elle est là.
Mais elle est bien là.
La scoliose au sens restreint: la colonne vertébrale, les asymétries musculaires, les mouvements maladroits, la respiration lourde, les douleurs, la posture bancale, la fatigue, et tous les symptômes physiques qui peuvent y être associés.
La scoliose au sens élargi: les préoccupations, les doutes et incertitudes, le stress et l’anxiété, la peur du jugement, la honte, la frustration, les “tiens-toi droit.e” répétés, se contraindre et se forcer… autrement dit les conséquences psychiques, émotionnelles.
Quand on part en vacances, on a beau changer nos habitudes, prendre de la distance, avoir plus de temps pour du repos ou du plaisir, la scoliose, dans ses 2 sens, est toujours là.
Être allongé.e sur la plage et sentir les appuis asymétriques du dos contre le sable, manger une glace et sentir sa posture qui flanche, choisir une tenue d’été et se demander si les passants remarqueront que ce dos est différent…
Quelques exemples parmi tant d’autres de cette charge que peut représenter la scoliose.
Alors, je me demande, et peut-être que toi aussi tu te demandes: Est-ce que ce sont vraiment des vacances, si la scoliose est un lest qui pèse sur nos épaules?
Est-ce que la scoliose peut être autre chose qu’un lest, une charge mentale et physique?
Je pense que oui, mais que cela dépend de nous, de la manière de nous décidons d’habiter notre corps. Voici 3 pistes à explorer dans ce sens:
La scoliose, le corps et toi ne faites qu’un.e
Je pense qu’une des choses qui nous porte le plus préjudice est de vouloir à tout prix voir la scoliose comme une “entité” séparée du reste de notre corps.
Oui, séparée.
Malheureusement, même si ça paraît absurde, c’est ce qu’on fait, c’est ce que le système médical nous a appris à faire (et c’est le cas pour un bon nombre de diagnostics). Quand on parle de traitement ou soin de la scoliose, on l’isole implicitement du reste du corps par l’évaluation qu’on en fait, les exercices qu’on prescrit etc., le zoom est sur la colonne. Rarement, très rarement, on s’intéresse à la place de la scoliose dans le reste du corps, ses liens avec les autres systèmes du corps, sauf en cas de pathologie ou troubles connexes.
Et encore plus rarement à la sphère émotionnelle, au système nerveux, etc.
Petit à petit, on apprend à dissocier la scoliose du reste de notre personne.
D’ailleurs c’est un peu “la mode” de clamer des phrases comme “je ne suis pas ma scoliose”...
Mais tu sais quoi?
Tu es un petit peu ta scoliose quand même! Ta scoliose fait partie de toi, de ton histoire, tu ne peux pas t’en dissocier.
Je ne dis pas ça pour que tu t’identifies à outrance avec elle et que tu cesses de de prêter attention au reste, ou que tu ne vives que pour elle! Mais parce que, selon moi, comprendre et considérer la scoliose comme faisant partie intégrante d’un tout permet de mieux prendre soin d’elle, et mieux prendre soin de toi de manière générale.
Pendant les vacances, comme dans la vie quotidienne, cela peut grandement aider à se sentir plus libre, moins sous la pression du “fardeau” ou charge mentale que peut représenter la scoliose.
Imagine:
Au lieu de te dire que tu vas faire telle ou telle chose (exercice ou autre) pour ta scoliose, tu la fais pour ton bien être général, pour toi. Ce n’est plus la scoliose qui est le focus, c’est toi, ton corps, tes sensations de bien-être, ton être tout entier.
Et hop! un peu de tension mentale en moins, un peu de vacances en plus!
La scoliose est ta médiatrice dans ce monde
Les vacances c’est souvent un temps où on s’autorise plus de sensorialité, on donne aussi plus d’attention à cette sensorialité: le vent dans les cheveux, le soleil sur la peau, le goût d’une glace qu’on savoure jusqu’au bout, marcher pieds nus, laisser le regard se perdre à l’horizon…
Quels plaisirs!
L’expérience de ces - petits mais grands - plaisirs est possible grâce à ton corps. Partant du premier principe - ta scoliose, ton corps et toi ne font qu’un.e - alors…
Dis-toi que si tu peux vivre toutes ces belles sensations, c’est aussi grâce à ta scoliose!
La scoliose, comme ton corps, grâce à son caractère unique, à son/ton histoire, te permet de faire l’expérience du monde autour de toi, de vivre cette expérience humaine à fond!
La scoliose est la médiatrice entre toi et le monde…
Vue comme ça, difficile de la décrire uniquement comme un lest ou un fardeau… non?
Lâcher du lest c’est remplacer la peur par la confiance
Vivre avec une scoliose c’est vivre dans l’incertitude. Car on ne sait pas, pas vraiment, ce qu’elle nous réserve… on ne peut pas savoir avec certitude comment elle va évoluer, si les symptômes d’aujourd’hui seront ceux de demain, quelles conséquences elle pourra avoir sur notre vie sur le long terme…
Alors, certes, cette incertitude est un poids, surtout quand elle est souvent “dramatisée” par le monde médical, qui malheureusement est imprégné d’un discours de peur…
Mais tu sais quoi?
Cette incertitude, elle fait partie de la vie de tout être humain!
D’accord, à différents degrés, bien sûr! Mais c’est quand même quelque chose d’inhérent à la vie sur terre, on ne peut pas tout prévoir, on ne peut pas tout savoir… or, dans notre société on valorise énormément cette capacité à tout contrôler, en particulier notre santé. Cela a eu des conséquences vraiment positives bien sûr, car c’est grâce à cela qu’on a pu augmenter notre espérance de vie (entre autres)!
Mais… il y a aussi une certaine dissonance dans tout ça… Vivre avec une scoliose, c’est jongler avec ce qu’on sait et ce qu’on ne sait pas… et essayer de rester apaisé, quelque part au milieu…
Tout cela se traduit par une émotion: la peur. Je l’observe chez absolument toutes les personnes que j’accompagne (moi inclus), sous une forme ou une autre. Je ne parle pas forcément de panique ou d’angoisse, bien que cela puisse être le cas aussi. Cette peur peut se traduire simplement par une préoccupation pour l’avenir par exemple.
Souvent, c’est aussi la peur de son propre corps. Le corps qui n’est pas capable, qui est faible, auquel on ne peut pas faire confiance, qui va se casser (oui, il n’est pas rare que les patient.es reçoivent ce message de la part des médecins!)
J’en parle souvent: pour moi, une des choses les plus importantes que l’on se doit de faire pour nous-mêmes, c’est reconstruire la confiance dans notre corps qu’on a essayé de nous enlever.
Si cette peur profonde, consciente ou inconsciente, nous accompagne partout, même en vacances… je te laisse terminer la phrase, tu as compris où je veux en venir!
La clé? petit à petit créer des expériences qui nous rappellent la puissance, la beauté, les capacités de notre corps. Pour reconstruire la confiance en ce corps, notre dos, nous-même et en l’avenir.
Par exemple à travers l’expérience de plaisir faite à travers nos sens, se connecter à nos sensations…
Mais aussi: le mouvement, bouger, sentir son corps dans l’espace, et apprécier le repos.
Les vacances ça ne veut pas dire ne rien faire! Malheureusement pour beaucoup, la fatigue et la charge mentale accumulées sont telles, qu’on pense que ne rien faire est synonyme de pause, de repos. Sauf que…
En tant qu’être humain on est fait pour le mouvement
Ce qu’on cherche c’est le ressourcement (et ça, ça ne passe pas par la léthargie).
Le mouvement, c’est pas forcément des choses contraignantes, pénibles, codifiées. Cela peut être une balade au bord de l’eau, sauter dans les vagues, faire une partie de balle pieds nus avec des amis…
Souviens-toi du premier principe: Ta scoliose, ton corps et toi ne faites qu’un.e! Le mouvement c’est pour le bien être de tout ton être!
Oui mais… c’est pas toujours facile n’est-ce pas, de penser de cette manière… je pense en particulier aux personnes qui vivent avec des douleurs chroniques…
Rassure-toi, il ne s’agit pas de chercher la perfection, d’être zen 24h sur 24h, mais d’un processus, d’un voyage, d’une expérimentation, d’une intention qui nous donne une direction!
Ce que je veux dire par là, c’est que quelques minutes parsemées par-ci par là de conscience, de plaisir, de présence dans l’instant, dans son corps, peuvent nous donner ce souffle, cette pause, ces vacances dans les vacances… et cela peut parfois suffire!
Une autre clé vraiment essentielle pour lâcher du lest, et remplacer la peur par la confiance, est de prendre soin de soi de manière consciente, informée et intentionnelle tout au long de l’année, en amont des vacances, pour
-avoir ces routines et habitudes bien ancrées
-ne pas culpabiliser de se donner une pause, ne pas avoir peur des conséquences de cette pause sur ton dos (car tu sais que tu as le contrôle, que tu sais prendre soin de toi, que tu t’es préparé.e à cette pause).
La scoliose ne prend pas de vacances… et si nous lui en donnions?
Non pas en tombant dans le déni, en faisant comme si elle n’était pas là. Car ce serait l’abandonner. Et nous abandonner par la même occasion.
Je me dis que les véritables vacances se construisent en fait au quotidien. Dans des petites bulles de ressourcement régulières qu'on peut se créer, pour renforcer sa confiance, apaiser son mental et s’épanouir dans son corps!










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